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AuteurMessage
OboloshcaOboloshcaAdminMessages : 34
Date d'inscription : 05/10/2011
#1 Vide
MessageSujet: #1   #1 Icon_minitimeMer 28 Déc - 23:51

1.


    Ulric déambulait dans les couloirs assombris. La nuit était tombée depuis longtemps sur le royaume, et les corridors du Château n'étaient plus que faiblement éclairés d'une lumière tamisée. Un phœnix miniaturisé voletait parfois, ici ou là, et illuminait le visage du grand homme maigre. Avec sa silhouette longiligne et sans forme, Ulric ressemblait plus à un épouvantail qu'à un homme. Son regard de velours caressait les murs couleur prune qui dessinaient l'esquisse d'un sourire sur ses lèvres trop minces. Le château connaissait ses goûts plus que personne d'autre. Un couinement de protestation résonna et deux interminables moustaches surgirent d'une de ses poches. Ulric, du bout de ses doigts osseux, effleura délicatement le minuscule animal et murmura.
    - Chut, ne sois pas jalouse... c'est bien à toi que je réserve mes plus secrètes pensées.
    Sa voix n'était d'ordinaire pas bien forte, elle était chuchotante et sensuelle avec un fort accent cassé provenant d'on ne sait où.
    Une petite souris sembla lui sourire et afficher une mine réjouie.
    Ulric la prit soigneusement et la déposa sur son épaule. Il gratta un instant son crâne dégarni, hésitant, comme s'il avait oublié ce qu'il venait faire ici. Il prit une grande inspiration, sa lanterne certainement éclairée.
    Il reprit sa route, il ne semblait pas avoir de but précis mais il paraissait heureux. Il aimait découvrir le château la nuit. C'est impressionnant comme la vie nous apparait sous un autre angle dès que les Rois Soleil laissaient leur place aux Princesse Lunes, Tadix et Madix. Son pas se fit irrégulier mais cadencé. Ainsi, la souris sur son épaule, il semblait danser tel un heureux, tel un dément. Un air de piano se laissait porté entre les interstices de sa sombre pensée et Ulric dansait avec les noires, les croches, les quadruples croches, les rondes...
    Des lucioles brillaient sur les murs, calquant le rythme de la marche d'Ulric, virevoltant avec lui. Le Château aimait bien cet épouvantail. Bien qu'austère, il savait gouter aux petits plaisirs, tantôt sucrés tantôt salés, de la vie. Une chose importante pour le Château. Il voyait tous les jours des domestiques courir dans ses couloirs, s'agiter, suer au point de ne devenir qu'un gros monticule de transpiration malodorant à forme humaine. Parmi cette agitation habituelle, il avait vu un grand cadavre vivant, un sourire mi-figue mi-raisin sur les lèvres, avancer lentement sur une mélodie de Haydn. Son corps se balançait et semblait pouvoir basculer sur le côté à tout moment mais Ulric semblait le maîtriser majestueusement.
    Le Château avait aimé ses tenues élégantes, son regard qui se portait sur un ailleurs décalé et son cœur pulsant lentement au milieu de tant d'autres qui battaient la chamade.
    Après un dernier tournoiement, Ulric, d'un bond gracieux, allongea son corps contre une porte, appuya sur la poignée de lui-même, poussa sur le bois veiné d'argent et entra. La porte ne se préoccupait plus de s'ouvrir pour son maître qui avait décidé de le faire tout seul. Ulric n'en a pas l'air au premier abord, mais il n'aimait pas que l'on s'occupe de lui comme d'un bambin. Il n'aimait pas non plus que les chaises accourent vers lui pour accueillir son séant et il leur avait bien fait comprendre. Elles restaient donc sagement aux places indiquées.
    En refusant toute aide de la sorte, il se mentait à lui-même. Il voulait se persuader qu'il n'était pas un vieillard sur le déclin. Ce mensonge restait toutefois raisonnable, on voyait tous les jours de beaux garçons redevenir ce qu'ils sont réellement après l'annulation de leur sort : des vieils hommes qui tentent de ralentir le temps dans sa course effrénée. C'est triste.
    La suite d'Ulric n'était pas bien grande. Elle était plutôt petite en fait. Il y avait juste un salon avec un coin cuisine et une salle de bain. Il n'y avait même pas de chambre : Ulric n'arrivait pas à dormir dans un lit, son corps s'était habitué aux fauteuils. Le papier peint était d'un jaune vieillit, aux motifs fleuris couleur chocolat noir et tout l'appartement semblait être coloré de ses couleurs aux différentes teintes. Son sofa croulait sous les coussins satinés. Son imposante bibliothèque, où on pouvait trouver de tout, longeait tout un mur.
    Une chose surprenait : l'absence de télécristal. C'était pourtant la première chose que l'on voyait dans un salon. Seulement ici, c'était l'immense et luxueux piano -qui avait une drôle de forme d'ailleurs- qui encombrait la vue, occupant les deux tiers de la pièce.
    Le Château osait rarement modifier la suite d'Ulric, bien qu'il la trouvât trop étroite et chargée. Il savait que le vieil homme affectionnait particulièrement ce décor.

    Alors qu'il n'avait pas même fait un pas, l'épouvantail dû se rejeter en arrière et s'expulser de son chez soi. Un choc terrible de bois venait d'ébranler la sérénité de la nuit.


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